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Le simple décryptage des grandes dynamiques de la sphère militante amazigh contemporaine, fait ressortir que le CMA, l’ONG amazighe créé en 1995 dans l’esprit de « la défense et la promotion des droits et des intérêts politiques, économiques, sociaux, culturels et linguistiques de la nation amazighe » constitue un nœud d’enjeux multiples notamment d’ordre étatique. Dans cet ordre d’idée, le CMA a été scandaleusement détournée de son but initial et renie sa propre identité. Pire même, et ce qui est surprenant, il tourne le dos aux aspirations des peuples amazighs en Afrique du Nord, et se veut plus loyal vis-à-vis de l’Etat marocain que vis-à-vis de la cause amazighe. Par ce processus il contribue à fragiliser, déstabiliser leur combat, et devenir en fin de compte une simple succursale, objet d’une exploitation prédatrice du régime pan-arabiste marocain qui l’instrumentalise à ses fins dits « stratégiques » notamment son obsession historique d’hégémonie régionale en Afrique du Nord. Cela nous amène à poser un certain nombre de questions tout à fait logiques, liées notamment à la création même du CMA en septembre 1995 dans le contexte d’une grande crise diplomatique et politique chronique entre l’Algérie et le Maroc suite aux attentats de l’hôtel ISLY à Marrakech le 28 Aout 1994 où l’Algérie fut point d’un doigt accusateur.
Le CMA et l’Etat marocain : Un mariage illicite !
Depuis le IV° congrès tenu à Nador les 5, 6 et 7 août 2005 le premier du genre sur une terre amazigh après des années de son organisation dans l’exil, l’Etat marocain s’est engagé dans un jeu particulièrement politicien : manœuvrer suffisamment ses « pions » au sein de CMA pour mobiliser ce dernier en faveur de ses propres intérêts et sa stratégie de défense de la dite « unité territoriale » et contre les aspirations des peuples colonisés qui revendiquent leurs indépendances, comme le RIF (1958/59, 1984, 2005 .. etc) et le Sahara Occidental (depuis 1975), en revanche, chez le voisin de l’est (comme il est coutume d’appeler l’Algérie et vice versa) le Maroc s’en sert pour défendre le principe de l’autodétermination des peuples. A partir de là, on peut dire, sans aucune hésitation que le Maroc, par ce biais, a bien réussi son coup de poker !
En parallèle, et contre les recommandations du IV° congrès sur le lieu de l’organisation du congrès suivant (2008) prévu en principe, en Kabylie, les « éléments » de l’Etat marocain au sein de CMA ont bataillé contre cette idée, pour déplacer le lieu de la tenue du congrès du CMA de l’Algérie ( Kabylie) vers le Maroc.
Après ce grand scandale en 2008, les membres de CMA se sont divisés en deux groupes, le premier militait pour que le congrès soit tenu en Kabylie, selon les recommandations du IV° congrès, et l’autre militait pour que le congrès soit tenu au Maroc, en accusant, au passage, l’Algérie de vouloir interdire le congrès à Tizi-Wezzu même s’il n y’avait aucune preuve tangible de cette velléité d’interdiction par l’Etat algérien ! La « main invisible » de l’Etat marocain était bien derrière cela, nous en voulons pour preuve que les associations hôtes du congrès de Meknès étaient proches du parti de l’ami du roi : l’association TAWIZA à Tanger, fondée et présidée par Fouad EL-Omari, frère d’Ilyas El-Omari (collabo des renseignements marocains n°0252), membre du conseil national du PAM, et maire de Tanger et l’association ASSID pour le développement durable présidée par Khaled ZIRARI, un défenseur acharné de la monarchie marocaine !
A la fin, le CMA est parvenu à organiser deux congrès consécutifs au Maroc comme s’il n y’avait que ce pays pour accueillir ce genre d’événement ! Faut-il rappeler que le V° congrés a été organisé le 31 octobre, 1 et 2 novembre 2008 au sein de l’association ASSID à Meknès où le Wali de la région n’était que l’homme du palais, Hassan AOURID, l’ex porte-parole du palais royal, chargé de la question du mouvement amazigh , et ce qui n’est pas un hasard, le congrès du CMA s’est tenu en marge de la préparation du parti de l’ami du roi, le Parti de l’authenticité et la modernité ( PAM) créé par le conseiller du roi aux affaires sécuritaires !
Ce congrès a fini par élire M. Fathi N KHLIFA président du CMA et il se trouve que ce dernier est le gendre d’Ahmed TOUFIQ, ministre marocain des Habous et des affaires islamiques, et les membres élus pour le conseil fédéral du Maroc lors de ce congrès étaient tous des pro-régime, comme Fouad EL OUMARI, Mohamed AJGHOUGH (Serviteur de Hassan AOURID) Khaled ZIRARI (Bras droit de Fathi N KHLIFA au Maroc) Mohamed BOUCHDOUK (Membre du groupe de Marrakech pour un parti politique amazigh), Chakib AL-KHAYARI (collaborateur de la DGST n°0331) …etc.
Et le scandale se poursuit
Après cette proximité compromettante du CMA avec l’Etat marocain pour devenir au fil des temps un prolongement du système makhzenien, le CMA a enchainé d’autres scandales, l’un après l’autre, et ce contre les aspirations d’Imazighen et en lien étroit avec les régimes panarabistes assassins. Le 21 août 2009, le fils du dictateur El Qaddafi, Sayf Al ISLAM a accueilli les membres de CMA au sein de la fondation « El Qaddafi pour le développement » en Libye avant la révolution des amazighs de la Libye contre ce dictateur !
Les membres de CMA, Lounès BELKACEM (Algérie), Jaime SAENZ (Canarie), Khaled ZIRARI (Maroc) et Cheikh Beye (Mali) ont signé au nom du CMA un protocole de coopération avec la fondation « El-Qaddafi pour le développement » pour intégrer Tamazighte dans le système Libyen et organiser les conférences en Libye, ce qui n’était absolument pas gratuit, comme la logique politique le veut, notamment sous le régime de Qaddafi corrompu !
Sans compter la compromission du CMA jusqu’au bout avec le régime marocain, et les cartes qu’il joue en faveur de la monarchie marocaine dans la sphére militante amazighe, comme le montre bien la lettre adressée à « Sa majesté le roi Mohamed VI » signée par le CMA le 1 octobre 2013, où le CMA « salue chaleureusement les efforts de la monarchie en faveur de Tamazight, et félicite le roi pour ses décisions historiques » ! L’Histoire nous prouve par des preuves factuelles que cette monarchie panarabiste est un ennemi éternel de tamazight, des imazighen et de tamazgha !
Manque de cohérence et rappel à l’ordre
L’Etat marocain, avec ses différents services, a bien réussi son coup à travers le CMA qu’il manipule généreusement, notamment pour déstabiliser les « ennemis » de l’Etat marocain ! Le CMA, ce faisant, parait comme un organe au service de l’Etat marocain. Dans ce sens, une question se pose d’elle-même :Comment est-ce possible que des militants amazighs, se voulant révolutionnaires, indépendantistes, individus ou organisations LIBRES de toutes influence étatique des pouvoirs en place en Afrique du Nord, se permettent de s’aligner benoîtement et systématiquement sur les thèses d’une ONG telle que le CMA, notamment son mode de fonctionnement opérationnel très compromettant, alors que, traditionnellement, il n’a jamais milité en faveur des peuples amazighs, mais pour une TAMAZGHA monolithique, monocolore, une et indivisible à l’image de la « Oumma arabe » et contre le droit à l’autodétermination des ces même peuples ?
D’après ce qui a précédé, il est clair que le CMA, qui a désormais comme base-arrière le sol marocain, a été notablement créé pour confisquer la cause amazighe, noble et légitime par ailleurs, pour servir une stratégie étatique marocaine d’ordre colonial, notamment dans le RIF et le Sahara occidental. Dans ce sens, le CMA et ses alliés parmi les militants amazighs, adeptes du principe du droit à l’autodétermination des peuples s’affichent ouvertement contre le droit inaliénable à l’autodétermination du peuple sahraoui sous prétexte que le POLISARIO compte instaurer un Etat arabe, entretemps, ces mêmes acteurs ne s’embarassent guère de s’allier avec un régime d’essence panarabiste et assassin, sans vergogne et en contradiction béante avec leurs propres professions de foi politique qu’ils exposent ici et là quand il s’agit de défendre leurs propres causes consécutives. Le manque de cohérence dans un tel système de pensée est patent, et il convient d’y attirer l’attention.
Les 24 et 25 juillet 2015 le CMA organisera son VII° congrès, et pour la troisième fois au Maroc (Agadir) ! Très vraisemblablement il sera à l’image du congrès de Meknès ou pire encore, car le Makhzen (l’Etat profond marocain) demeure déterminé à s’approprier l’amazighité pour s’en servir comme un levier de pression pour mieux défendre ses propres intérêts sur la scène internationale ! Nous avons la conviction que nos frères amazighs libres et dignes vont tôt ou tard se rendre compte de cette supercherie et des torts qu’ils sont entrain d’infliger aux Peuples AMAZIGHS et l’espoir qu’ils ne cautionneront plus cette cohabitation compromettante du CMA avec l’Etat marocain, qui engagera indubitablement notre liberté et notre avenir commun sur un terrain glissant, il incombe alors aux militants amazighs libres de remédier à cette situation et prendre des mesures qui s’imposent !
On vivra et on verra !
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